“Bohemian Rhapsody” censuré en Chine, les spectateurs mécontents
Après avoir connu un succès mondial, le biopic de Freddie Mercury est sorti le 22 mars en Chine. Mais le film de Bryan Singer a été amputé de plusieurs scènes faisant référence à l’homosexualité du chanteur de Queen ou au sida qui l’a emporté.
Les scènes de baisers ne sont pas les seules à avoir disparu, précise la chaîne de télévision américaine sur son site Internet.
Entre autres, le mot “gay” a été gommé de certains dialogues, de même que toute référence au sida. Un plan sur les ondulations du bassin de Freddie Mercury à la télévision a été supprimé, et toute la scène qui voyait Freddie Mercury se travestir en femme pour tourner le clip de son tube I Want to Break Free a été coupée. La rencontre entre le chanteur et son dernier compagnon, Jim Hutton, ne figure pas non plus dans la version chinoise du biopic – ce qui fait que le spectateur ne sait jamais qui est ce Jim qui surgit comme de nulle part dans la deuxième moitié du film.
“Ces changements ne sont pas passés inaperçus du public chinois”, rapporte pour sa part The New York Times. “Beaucoup ont eu le sentiment, en regardant le film, que quelque chose n’allait pas.” Le quotidien américain a interrogé des spectateurs, tous dans la vingtaine, à la sortie des salles de cinéma. Ils venaient pour en apprendre davantage sur la vie du leader de Queen, ils ont l’impression d’avoir été floués. Une Pékinoise de 22 ans juge ainsi que la version chinoise du biopic est trompeuse et irrespectueuse envers le groupe. Un étudiant en arts numériques de la même ville regrette une occasion manquée de faire avancer la cause LGBT dans le pays :
Je pense que beaucoup de gens ont pris l’habitude d’éviter de parler de certaines choses, surtout quand ils ne sont pas directement concernés. Mais si cela devenait un sujet de discussion, les gens seraient obligés d’y réfléchir.”
Une cadre de 26 ans, établie à Shanghai, réagit quant à elle en ces termes : “En tant que jeune personne dotée d’un esprit indépendant, je n’ai pas besoin que l’on décide pour moi quelles scènes j’ai le droit de voir ou pas.”