BRIAN MAY - BACK TO THE LIGHT (1992)
Alors que fin 1991 l’avenir de Queen semble sérieusement compromis par la mort de Freddie Mercury,Brian May met le pied à l’étrier afin de sortir son premier album solo, qui regroupe une série de morceaux composés pour la plupart dans le courant des années 80. Là où les projets solos de Mercury se dirigeaient plutôt vers la pop, ceux de May sont très nettement tournés vers le rock/hard-rock, qui laisse évidemment une part de choix au jeu de la guitare.
Back to the Light apparaît alors comme un substrat de la facette rock de Queen (la meilleure, soyons honnête), alternant donc des titres puissants à accentuation hard, hard fm, avec des morceaux plus calmes, ballades ou rocks plus posés. En conséquence, l’originalité n’est pas franchement au rendez-vous, mais la qualité, si, plutôt.
Passé l’intro, « Dark », qui marie ambiance atmosphérique, saturation électrique et arrangements orchestraux, on peut découper l’album entre le côté hard et le côté doux de la force. Côté rock, on a le très bon morceau titre, qui alterne couplets mélancoliques avec synthé et montées en puissance électriques, sorte de « Show Must Go On » pondéré, plus positif et lumineux en fin de compte. « Love Token », ensuite, accroche l’oreille à son tour avec une batterie vigoureuse et de gros riffs pourvus d’un groove certain. A part le break, qui est assez moche, la sauce prend jusque là plutôt bien. Dans la famille des titres sympathiques, on notera encore « Driven by You », avec des arrangements claviers/guitare plutôt plaisants. Par contre, « I’m Scared » et « Rollin’ Over », qui est chanté en duo avec Chris Thompson, apparaissent comme plus anecdotiques, malgré des teintes rock’n’roll intéressantes (à ce titre, la guitare sur « Rolling Over » est vraiment déchaînée).
Et l’album possède aussi « Resurrection ». Le Titre. Géniale démonstration de hard rock, construit à la perfection, de manière très carrée, avec un Cozy Powell impérial, des guitares héroïques qui virevoltent dans tous les sens, un break solennel, et un solo de guitare en tapping complètement jouissif… Le morceau qui excuse la faiblesse d’une seconde partie d’album un ton en dessous. Initialement écrit sous la forme d’un instrumental par Cozy Powell et Jamie Page (à ne pas confondre avec JIMMY Page... merci), auquel Brian May ajouta parties de guitares et paroles inspirées, Resurrection dépasse vraiment de loin le reste du disque. Seul le chant pourra sembler un peu limité, mais l’excellence du reste pardonne tout.
Du côté plus paisible, ma préférence revient à « Too Much Love Will Kill You », magnifique complainte, joliment arrangée et dotée de paroles ciselées, même si la version référentielle sera celle que l’on pourra entendre sur Made In Heaven, où Freddie Mercury lui confèrera la puissance vocale requise. Passons sur le bluesy « Nothin’ But Blue », inspiré par Joe Satriani, et « Just One Life », qui versent dans l’émotion, mais toutefois avec une certaine fadeur. « Last Horizon » ensuite est une jolie ballade instrumentale, nantie d’une ligne mélodique à la guitare très romantique, qui rappelle à nouveau Satriani. « Let Your Heart Rule Your Head » enfin se démarque en jouant la carte de l’acoustique à consonance country, rappelant en ce sens le titre « ‘39 » d’ANATO, mais en plus fun. Cool, mais pas ultime.
Ainsi, Back to the Light est plutôt un bon album : excellent dans sa première partie, un peu plus poussif dans la seconde. L’empreinte de Queen demeure très perceptible, là où Another World tentera une approche un peu plus personnelle. Maintenant, il m’est difficile de lui attribuer une note précise, tant je suis partagé entre le plaisir que me laissent certains morceaux et l’impression malgré tout mitigée que me laisse l’ensemble. Entre trois et quatre, suivant les jours… Dans cette perspective, l’album solo suivant se révèlera plus homogène et malgré l’absence de pépites à la « Resurrection », il apparaîtra donc probablement comme meilleur.
- Brian May (chant, guitare, clavier, etc.)
- Cozy Powell (batterie)
- Geoff Dugmore (batterie)
- Gary Tibbs (basse)
- Neil Murray (basse)
- John Deacon (basse)
- Mike Moran (clavier, piano)
- Don Airey (clavier)
- Chris Thompson (chant, choeur)
- Miriam Stockley (choeur)
- Maggie Ryder (choeur)
- Suzie O'list (choeur)
- Gill O'donovan (choeur)