DIANA MOSELEY
Diana Moseley a passé six années de sa vie à habiller Freddie Mercury pour le meilleur et pour le pire. La couronne clinquante, la longue cape rouge, le pantalon moulant et la veste jaune d’inspiration militaire portée par le chanteur de Queen en 1986 lors du mégaconcert de Wembley, c’était elle. Cette seule caractéristique suffit à faire de la costumière londonienne une quasi-divinité aux yeux des fans de Freddie Mercury. La pétillante quinquagénaire n’est pas dupe de la fascination dont fait l’objet feu son client. Ce dernier aurait eu 64 ans si le sida ne l’avait figé au sommet de sa gloire en 1991. – Que pensez-vous du culte que beaucoup ici vouent encore à Freddie Mercury? – Pour tout dire, je trouve assez triste de mettre ainsi la vie de quelqu’un sur un piédestal et de lui abandonner la sienne. De Bowie à McCartney en passant par U2, Sting ou Iggy Pop, j’ai bossé avec pas mal de rock stars. Ce sont des êtres humains. Comme nous, ils ont besoin d’expérimenter et d’exprimer l’amour. En faire à ce point des icônes est le signe d’un certain désespoir. Notre société doit aller bien mal pour se tourner vers eux comme vers des dieux! – Pourquoi alors donner une conférence à Montreux? – Déjà car j’adore l’endroit (rires). Je l’avais découvert, il y a vingt ans avec David (ndlr: Bowie). Ensuite parce que ça fait vivre Freddie dans la mémoire des gens. Ces fans sont avides d’informations. Autant qu’elles soient vraies et de première main! Ça leur évitera peut-être de se faire gruger en achetant sur internet des frusques ayant soi-disant appartenu à Freddie. Ma présence contribue aussi à faire vendre la musique de Queen et du même coup à lever des fonds pour l’association antisida qu’avait monté Freddie. – Comment avez-vous été amenée à travailler avec lui? – En 1985, une société spécialisée m’a contactée pour travailler sur Born to Love You , son premier clip solo. Je devais notamment habiller 300 femmes, la «Freddie’s army». J’ai étudié ce qu’il aimait porter et ses goûts en général. Quand j’ai découvert que, comme moi, Freddie adorait l’opéra, j’ai su que ça collerait. Ça n’a pas loupé. On s’est de suite entendus comme de vieux amis. – Au point de finalement nouer une véritable amitié? – Lorsqu’on bosse avec ces stars, qui sont des icônes courtisées par plein de gens pour toutes les mauvaises raisons imaginables, il faut s’en tenir au professionnel. Nos rapports n’en étaient pas moins excellents et centrés sur la confiance et l’honnêteté. – Que pensez-vous de sa musique? – Sa voix est magnifique. Ses chansons sont des hymnes qui parlent à beaucoup. Mais personnellement, elles ne me touchent pas plus que ça. Mon cœur penche plutôt vers le classique. – Sa principale qualité non musicale, selon vous? – Il était sexy et très gentleman avec les femmes, comme avec les hommes d’ailleurs. – Et son principal défaut? – Hum… (Pince-sans-rire) Son obstination à porter des Adidas blanches à trois bandes avec n’importe quoi, je dirais. |