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Queenworld.fr

Que Dieu sauve la Reine… mais pas Queen !

18 Janvier 2010, 18:18pm

Publié par ANTHEVA

rock-my-world.frLe paysage politique nord-irlandais a décidément bien changé depuis les accords de paix de 1998 qui ont tant contribué à apaiser un climat extrêmement tendu jusqu’alors. Les crispations identitaires d’hier se sont pas mal estompées, tant et si bien que certains modérés, qui ont tant fait pour apporter un peu de couleur là où ne régnait que grisaille au cours des sombres années du conflit nord-irlandais, s’essayent désormais à la politique. C’est le cas de Harry Hamilton , alias «Flash Harry», sosie de Freddie Mercury de son état, qui cartonne depuis des années avec son groupe interprétant (avec talent, semble-t-il) les plus grands tubes du groupe «Queen».

Les gens voulaient des politiques moins coincés? Ils sont servis avec Harry Hamilton.Il était censé au départ briguer un poste de conseiller municipal à la mairie de Craigavon, mais l’homme a bien plus d’ambition: son parti, l’Ulster Unionist Party (UUP) l’a finalement choisi comme candidat pour les élections législatives de mai prochain, des élections nationales avec un poste de député à la clé.

Le choix d’un tel candidat en dit long sur le chemin parcouru par l’Ulster Unionist Party, hier synonyme d’intransigeance politique et de copinage avec les Orangistes, un parti qui a damé le pion pendant des décennies aux encore-plus-ultras du Democratic Unionist Party (DUP), le parti fondé par le pasteur intégriste Ian Paisley (pas mal calmé lui aussi, d’ailleurs).

L’Ulster Unionist Party, qui avait pris le risque de soutenir les accords de paix, a vu ses adhérents les plus radicaux quitter cette formation et son soutien électoral fondre comme neige au soleil, tant et si bien qu’à Ballybán (pour ne citer qu’un exemple), les conseillers municipaux UUP, jadis largement majoritaires, ne sont plus qu’au nombre de cinq, contre six pour le DUP (et même sept au départ avant qu’un des leurs ne les quitte pour rejoindre une formation encore plus dure!).

Mais «chaque nuage est bordé d’un liseré d’argent», comme le disent si poétiquement les Anglo-Saxons, et l’UUP est en train, péniblement, de renaître de ses cendres en tentant d’imposer une image résolument nouvelle: exit le protestantisme austère et vive Flash Harry, un candidat moderne, apprécié en tant qu’artiste, et qui ne se prend pas au sérieux.

Évidemment, ce n’est pas du goût de tout le monde, et notre journal commence déjà à recevoir des lettres de «gardiens du temple» (si j’ose dire!) un peu inquiets de voir qu’un artiste, apparemment aussi exubérant que son clone -tout au moins sur scène- envisage de siéger à la docte chambre des Communes de Westminster. Le défunt Lord Edward Carson (1854-1935), figure de référence de la vieille garde unioniste protestante, se retournerait dans sa tombe!

Un lecteur, donc, nous a écrit pour nous faire part de sa désapprobation. Ayant épluché le site de Flash Harry à la loupe, il relève que Harry Hamilton, apparemment plutôt rangé comparé au reste du groupe, aime désormais boire un coup et -trait encore plus infâmant- qu’il aime s’habiller en femme pour ses prestations scéniques!

Il n’en faut pas plus à ce lecteur pour qu’il prononce Harry Hamilton coupable de «cross dressing», comprenez: de s’habiller en femme, ce qui est contre nature car contre la Bible (oui, apparemment, la Bible fustige les hommes qui s’habillent en femme et vice-versa)! Notre zélé lecteur a d’ailleurs fini par découvrir une pièce à conviction sans appel: une photo de Harry portant une jupe!

Contradiction amusante en aparté: en Irlande du Nord, la droite religieuse côté protestant se trouve de grandes affinités culturelles et religieuses avec l’Écosse… province connue pour ses hommes en jupe (pardon, en kilt!) jouant de la cornemuse…

Mais bon, il faut espérer que Harry Hamilton le candidat, et Flash Harry la bête de scène, se remettront de ces attaques plutôt mesquines… Et puis, essayez de chanter «I Want to Break Free» sur scène habillé en homme, vous verrez… Le clip vidéo a tellement marqué les esprits qu’on vous enverrait aussitôt vous rhabiller (si j’ose dire!).

Les autres musiciens du groupe restent serein: ainsi, le membre fondateur de «Flash Harry» expliquait récemment dans le «Lurgan Mail» que si les opinions politiques de Harry Hamilton n’engagent que lui, les membres du groupe -tant catholiques que protestants- sont à fond derrière lui.

Reste donc à savoir quelle réception la vieille garde unioniste, connue pour son attachement à la couronne britannique, fera à Harry Hamilton… Des ultra-conservateurs dont le slogan pourrait être: «Que Dieu sauve la Reine… mais pas Queen»!

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