QUEEN - JAZZ (1978)
Tout d’abord, mon devoir de chroniqueur royal m’oblige à prévenir le lecteur qu’il ne faut pas prendre le terme de Jazz au premier degré. Jazz n’est pas du jazz, c’est du bon rock, avec un zeste de pop et quelques influences diverses qui font le piment de Queen depuis quelques générations déjà (ici, ce sera épice orientale, country et funk, notamment).
En termes moins policés, on pourra dire que cet album est franchement très bon. Moins alambiqué que ses deux illustres prédécesseurs, ANATO et ADATR, poursuivant en ce sens sur la voie empruntée par News of the World, Jazz n’en revient cependant pas moins à un rock très entraînant et décomplexé, comme peut en témoigner le ton résolument humoristique d’un certain nombre de morceaux.
D’ailleurs, on entre dans Jazz avec le surprenant Mustapha, aux paroles pour le moins minimaliste (« Mustapha, Ibrahim »…) qui prend des accents de prière musulmane et qui se développe sur une mélodie arabisante (logique), méchamment électrique et bien appuyée par la batterie. Et la saveur du déjanté a déjà commencé à imprégner nos oreilles. On ne s’arrêtera pas là, puisque le célèbre Fat Bottomed Girls déboule ensuite, assez hard, avec sa rythmique pachydermique, ses guitares pesantes, le ton affirmé de Freddie et ses choeurs entraînants. Un classique.
Pour se reposer, on enchaîne avec Jealousy, titre plus doux, plus pop, façon Beatles, registre dans lequel Freddie excelle et où le piano tient une place de choix. La suite est toute aussi réjouissante : le déjanté Bicycle Race, avec son fameux passage de concert de klaxons et son délire très cartoon à la guitare, qu’un A Night At the Opera n’aurait pas franchement renié (ni un A Day At the Races, d’ailleurs, mais il faut dire que le titre est de circonstance).
S’ensuivent trois morceaux de tradition rock, voire hard rock, l’accrocheur If You Can’t Beat Them et ses clins d’œil à James Brown (« Sure feels good! »), le puissant et provocateur Let Me Entertain You, muni d’un très bon riff de guitare et enfin le frénétique Dead On Time, où se marient à merveille la guitare véloce de Brian May et l’élocution hallucinée de Freddie (sacrée performance), qui rappellera peut-être un Keep Yourself Alive (qui est d’ailleurs cité par la guitare à bout de 2 minutes 37 et dans le texte à la fin, juste avant l’intervention de Dieu et de sa foudre destructrice).
A ce stade, nos esgourdes sont déjà bien satisfaites mais on poursuit notre route avec In Only Seven Days, chanson pop moins ambitieuse mais agréable, le semi-acoustique Dreamer’s Ball avec son rythme country très nonchalant, le funky Fun It, chanté en duo par Roger Taylor et Freddie Mercury (et qui annonce en fin de compte le style vers lequel Queen s’orientera ensuite), et Leaving Home Ain’t Easy, ballade aux inflexions planantes interprétée par Brian May, avant de terminer en beauté par le célèbre Don’t Stop Me Now, petite tuerie en marche, lyrique, délirant et épique à la fois, bref petite pépite made in Queen dans toute sa splendeur. Enfin, je préfère ignorer le dernier titre, More of That Jazz, dépressif, austère et sombre, qui contraste de ce fait pas mal avec le morceau précédent.
Que dire de plus ? On a affaire ici à un groupe confirmé, qui nous sert un album sans grandes faiblesses et qui capitalise l’expérience forgée par les précédents opus. Les musiciens assurent à tout point de vue, et comme je le répète à chaque chronique, la voix de Mercury évolue encore un peu, un poil plus grave, « granuleuse » et puissante, qui se rapproche mine de rien de la « grande voix » qu’il aura et que l’on louera dans les années 80 et qui fait de lui encore aujourd’hui la référence vocale du rock.
Jazz est un album excellent. Varié, rythmé. Je le place sans hésiter dans mon quarté des meilleurs albums du groupe (je vous laisse deviner les autres). Par la suite, Queen évoluera vers un registre plus pop branché, oserons-nous dire dans l’ère du temps (Ah ! L’adjonction de ces fameux synthés…), et de ce fait sera peut-être un peu moins enthousiasmant pour les amateurs de leur rock originel (mais pas en termes de ventes, c’est certain…). Mais telle est la conception du jazz selon Queen…
En termes moins policés, on pourra dire que cet album est franchement très bon. Moins alambiqué que ses deux illustres prédécesseurs, ANATO et ADATR, poursuivant en ce sens sur la voie empruntée par News of the World, Jazz n’en revient cependant pas moins à un rock très entraînant et décomplexé, comme peut en témoigner le ton résolument humoristique d’un certain nombre de morceaux.
D’ailleurs, on entre dans Jazz avec le surprenant Mustapha, aux paroles pour le moins minimaliste (« Mustapha, Ibrahim »…) qui prend des accents de prière musulmane et qui se développe sur une mélodie arabisante (logique), méchamment électrique et bien appuyée par la batterie. Et la saveur du déjanté a déjà commencé à imprégner nos oreilles. On ne s’arrêtera pas là, puisque le célèbre Fat Bottomed Girls déboule ensuite, assez hard, avec sa rythmique pachydermique, ses guitares pesantes, le ton affirmé de Freddie et ses choeurs entraînants. Un classique.
Pour se reposer, on enchaîne avec Jealousy, titre plus doux, plus pop, façon Beatles, registre dans lequel Freddie excelle et où le piano tient une place de choix. La suite est toute aussi réjouissante : le déjanté Bicycle Race, avec son fameux passage de concert de klaxons et son délire très cartoon à la guitare, qu’un A Night At the Opera n’aurait pas franchement renié (ni un A Day At the Races, d’ailleurs, mais il faut dire que le titre est de circonstance).
S’ensuivent trois morceaux de tradition rock, voire hard rock, l’accrocheur If You Can’t Beat Them et ses clins d’œil à James Brown (« Sure feels good! »), le puissant et provocateur Let Me Entertain You, muni d’un très bon riff de guitare et enfin le frénétique Dead On Time, où se marient à merveille la guitare véloce de Brian May et l’élocution hallucinée de Freddie (sacrée performance), qui rappellera peut-être un Keep Yourself Alive (qui est d’ailleurs cité par la guitare à bout de 2 minutes 37 et dans le texte à la fin, juste avant l’intervention de Dieu et de sa foudre destructrice).
A ce stade, nos esgourdes sont déjà bien satisfaites mais on poursuit notre route avec In Only Seven Days, chanson pop moins ambitieuse mais agréable, le semi-acoustique Dreamer’s Ball avec son rythme country très nonchalant, le funky Fun It, chanté en duo par Roger Taylor et Freddie Mercury (et qui annonce en fin de compte le style vers lequel Queen s’orientera ensuite), et Leaving Home Ain’t Easy, ballade aux inflexions planantes interprétée par Brian May, avant de terminer en beauté par le célèbre Don’t Stop Me Now, petite tuerie en marche, lyrique, délirant et épique à la fois, bref petite pépite made in Queen dans toute sa splendeur. Enfin, je préfère ignorer le dernier titre, More of That Jazz, dépressif, austère et sombre, qui contraste de ce fait pas mal avec le morceau précédent.
Que dire de plus ? On a affaire ici à un groupe confirmé, qui nous sert un album sans grandes faiblesses et qui capitalise l’expérience forgée par les précédents opus. Les musiciens assurent à tout point de vue, et comme je le répète à chaque chronique, la voix de Mercury évolue encore un peu, un poil plus grave, « granuleuse » et puissante, qui se rapproche mine de rien de la « grande voix » qu’il aura et que l’on louera dans les années 80 et qui fait de lui encore aujourd’hui la référence vocale du rock.
Jazz est un album excellent. Varié, rythmé. Je le place sans hésiter dans mon quarté des meilleurs albums du groupe (je vous laisse deviner les autres). Par la suite, Queen évoluera vers un registre plus pop branché, oserons-nous dire dans l’ère du temps (Ah ! L’adjonction de ces fameux synthés…), et de ce fait sera peut-être un peu moins enthousiasmant pour les amateurs de leur rock originel (mais pas en termes de ventes, c’est certain…). Mais telle est la conception du jazz selon Queen…
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