QUEEN - NEW'S OF THE WORLD (1977)
Cet album se remarque tout d’abord par sa pochette devenue célèbre, d’après une peinture originale de Frank Kelly Freas de 1953 (ce grand nom de l’illustration SF vient d’ailleurs de quitter notre monde en cette aube de 2005 : RIP), qui montre le groupe à l’agonie, dans les mains d’un gigantesque robot.
Si News of the World a surtout marqué les esprits avec ses inévitables « tubes ultimes », qui ont fait le bonheur de toutes les associations sportives depuis 77, We Will Rock You et We Are the Champions, pour ne pas les nommer, il paraît cependant moins convaincant que les opus précédents et que l’opus suivant, soyons franc. L’album sonne ici de manière moins faste, moins excentrique, et par voie de conséquence, aurai-je envie de dire, celui-ci se révèle donc moins enthousiasmant, en dépit de son lot de bons morceaux, comme toujours. Mais reconnaissons au moins que le groupe fait des efforts pour évoluer et c’est appréciable.
Au niveau du chant, on sent à chaque nouvel album la progression deMercury, par petites touches, mais avec certitude. Encore un petit pas, ici.
Quoi qu’il en soit la variété des genres est au rendez-vous, mais de manière plus épurée :
On peut évoquer tout d’abord le hard rock frénétique de Sheer Heart Attack et son côté un poil dissonant et cru. Pour la petite histoire, Roger Taylor avait commencé à composer ce titre pour l’album éponyme, mais de toute évidence, il a un peu traîné, car le morceau ne fut prêt que 3 ans plus tard... On aura le droit aussi à une touche de funk austère sur Fight From the Inside, chanté par Taylor, assez moyen. On appréciera la complainte, aux accents minimalistes, All Dead, All Dead, qui met en avant la mélodie au piano, chantée avec réussite par Brian May ou encore la ballade rock et accrocheuse Spread Your Wings ..
Cela dit, on se rattrape sur la fin avec le gros titre de six minutes trente, It’s Late, mid-tempo hard rock et lyrique, qui, même s’il a un peu vieilli, avec sa montée en puissance inéluctable et son refrain accrocheur, vient réveiller les oreilles assoupies de l’auditeur, sans pitié aucune. Et pour finir sur une note intimiste, apprécions My Melancholy Blues, qui est un blues mélancolique, je parie que vous ne vous en doutiez pas, où Freddie nous offre une interprétation de diva tout à fait exquise, my dear.
Les deux tubes internationaux, quant à eux, bien qu’ils soient dans l’esprit de l’album (peu d’arrangements : le célèbre gimmick de batterie de We Will Rock You ; le leitmotiv au piano de We Are the Champions), paraissent un peu marge : placés au début, dans leur configuration canonique, on n’a pas vraiment la sensation qu’ils s’intègrent au reste de NOTW. Mais il ne s’agit peut-être que d’une impression, parce qu’on les a bien davantage entendus que le reste de l’album. En d’autres termes, j’ai le sentiment que leur succès planétaire a un peu nuit à la cohérence de l’album en général, mais sans pouvoir l’affirmer de manière péremptoire : il ne s’agit peut-être que d’une illusion issue de mon cerveau déliquescent…
Ainsi donc, News of the World me laisse une impression assez tiède. Le groupe donne à croire qu’il se repose des monstres dont il a accouché précédemment, et c’est sans doute l’explication la plus logique. Troquant sa défroque d’effets chatoyants pour un costume plus sobre et décontracté, Queen continue donc de changer de chemise, car la reine sait très bien qu’en définitive, c’est la routine qui tue l’amour, et tant pis si cette fois son habit ne procure pas les frissons de passion escomptées, elle continuera de chercher à nous séduire par la suite, pour le pire et pour le meilleur. Surtout pour le meilleur. Comme d’habitude.