QUEEN - THE GAME (1980)
Queen passe le cap de la décade en se modernisant quelque peu, en ajoutant pour la première fois de son histoire un synthétiseur à son arsenal (un Oberheim OBX) et en flirtant avec une sphère plus pop, funky, rock’n’roll, bref plus entraînante. The Game est donc plutôt facile d’accès, avec un lot de titres sympathiques, qui donnent doucement envie de remuer la tête.
Autre remarque d’une importance cruciale : c’est le premier album où l’on peut admirer la célèbre moustache de Freddie Mercury (mais pas sur la pochette…)
The Game est plutôt accrocheur, proposant des morceaux qui surfent sur une vague pop-rock un peu rétro, comme en témoigne les sympathiques Need Your Loving Tonight, Rock It ou Coming Soon, avec leurs riffs rock’n’roll.
Aux extrémités, on a le droit à deux ballades, Play The Game, qui ouvre le bal, avec un son plutôt moderne (pour l’époque !) souligné par quelques effets électroniques, moyennement intéressant, et Save Me, qui le referme, ballade à l’ancienne, avec piano intimiste, chant élégiaque, montée en puissance et déferlement électrique qui fait du bien par où ça passe, et qui constitue de fait une très bonne conclusion.
En outre, l’album offre une place de choix à John Deacon, dont l’instrument est particulièrement mise en avant, comme sur les délicieusement groovy Dragon Attack, qui prépare le terrain, et, bien entendu, Another One Bites the Dust. Deacon signe ici l’un des morceaux les plus célèbres du groupe, avec une ligne de basse plutôt simple, mais irrésistible et reconnaissable entre mille (le morceau possède quand même quelques accointances avec le titre Good Times de Chics). Le titre est également célèbre pour le message caché que l’on pourrait entendre en passant le refrain à l’envers, mais bon, il faut sans doute pas mal fumer de l’herbe à clown pour y croire, je pense. Pas de quoi nous pondre un Da Vinci Code en tout cas.
Pour autant notre petit tour d’horizon n’est pas terminé : on appréciera aussi le mélancolique Sail Away Sweet Sister, chanté sur un mode plaintif parBrian May, l’un des seuls titres qui travaille l’atmosphère plutôt que le rythme, avec un très bon jeu de guitare tout en finesse. Il me fait penser un peu au Queen de la première époque. Evoquons aussi le fameux Crazy Little Thing Called Love, petit joyau rockabilly où Freddie s’amuse à imiter Elvis Presley et le sympathiqueDon’t Try Suicide, avec son rythme cassé , une partie très épurée, ligne de basse et clappements de mains dans la veine funky, puis une partie très entraînante, plus libérée, à forte connotation rock’n’roll (surtout au niveau du piano).
Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un album assez plaisant, qui porte déjà en lui les germes du très controversé Hot Space. Toutefois, et c’est finalement le revers de la médaille en quelque sorte, sa légèreté l’empêche d'etre totalement davantage ancré dans son époque, il a peut-être un peu perdu de son attrait originel. Mais malgré tout, vous pouvez jouer le jeu, celui-ci demeure tout à fait recommandable.