QUEEN - THE MIRACLE (1989)
The Miracle ne possèdera peut-être pas la force hyperbolique qui sous-tend son nom, mais après tout, comme on pourra le constater sur le morceau éponyme, le miracle n’est pas effectif, c’est plutôt ce dont nous avons besoin pour sortir la Terre dans le pétrin dans lequel elle s’est fourrée.
Or donc, comme j’ai pu le signaler pour quasiment toutes mes précédentes chroniques, cet album s’articule autour de titres à dominante pop et de titres à dominante plus rock voire hard-rock (comme toujours, il s’agit d’un savant mélange qui se retrouve sur chaque morceau). Le procédé est le même, seul l’habillage réel change. Ici Queen semble avoir enfin digéré les influences des eighties, à savoir l’usage parfois excessif des claviers et autres effets électro. La conséquence sera que le disque paraîtra sans doute un peu moins daté que ses prédécesseurs directs. Cela dit, les arrangements sont, sur la plupart des titres, assez classieux ou sophistiqués, servie par une production en papier glacé que certains jugeront peut-être trop lisse et millimétré. On peut peut-être y voir là l’influence de l’incursion solo deFreddie Mercury dans le domaine de l’opéra sur Barcelona, sans parler de la volonté indéniable de plaire au plus grand nombre, bien sûr. Personnellement, cela ne me gêne pas outre mesure.
L’album compte quelques pépites, et notamment le fameux « I Want It All », qui brandit le fier étendard du rock pur et durs. Un rythme mid-tempo mais puissant, des riffs corrosif et un chant rauque maîtrisé, de quoi établir un nouveau morceau référentiel dans la discographie déjà bien fournie du groupe. A noter que la version de l’album possède une courte intro instrumentale, qui sera remplacée dans la version radio par l’envoi direct du refrain, plus rentre-dedans et accrocheur pour le grand public. Parmi les bonnes surprises pop, on notera le morceau titre, malgré des paroles très « discours de Miss Monde » (peace on earth and end to war...), l’original et un peu déjanté « The Invisible Man », avec sa ligne de basse technoïde ou bien le plus classique et sobre « Rain Must Fall », dont la mélodie est fraîche et doucement entraînante. Du côté du rock, on saluera « Breakthru » avec son intro à l’influence gospel puis sa rythmique de locomotive, ainsi que « Scandal » de bons riffs et des paroles qui semblent cascader naturellement et surtout « Was It All Worth », qui est un titre assez ambitieux et baroque, qui entrelace grosses guitares et arrangements plus scintillants, se fendant de quelques orchestrations débridées au moment du break.
« My Baby Does Me », contemplatif , ainsi que « Party » et « Khashoggi’s Ship », sont plus anecdotiques mais s'avère a la longue très agréable.
On comptera aussi trois bonus tracks, un remix de « The Invisible Man », un instru à la guitare « Chinese Torture », trés militaire, et enfin le titre « Hang On In There », dans le ton de l’album, mais qui laisse un goût d’inachevé. L’ensemble est donc trés satisfaisant.
Ainsi, on constate un retour certain des guitares sur The Miracle, tout en conservant le sucre glace de la pop qui saupoudre le tout. Ce n’est certainement pas le meilleur album du groupe, mais il reste en tous cas un excellent compromis pop-rock: le trou noir se situe au début des années 80 et ici Queen commençait sérieusement à remonter la pente. Enfin, c’est une façon de parler, puisque nous sommes en 1989, et que c’est déjà le début de la fin pour Queen. Freddie sait qu’il est malade (il n’y aura d’ailleurs pas de tournée pour la promotion du disque) et l’histoire s’achèvera deux ans plus tard.