THE FREDDIE MERCURY ALBUM (1992)
En général, écrire une chronique sur une compilation de type best-of est un exercice assez vain et ennuyeux. Il s’agit souvent de dire qu’il y a peut-être de bons morceaux, mais qu’il en manque et donc que le terme de « best-of » ou de « greatest hits » est un abus de langage à visée commerciale.
Dans le cadre de cette compilation, la visée commerciale est certes indéniable, puisque sa parution date de quelque temps après la mort de Freddie Mercury, mais d’autres points, intéressants, méritent d’être soulignés. Déjà, la carrière solo de Freddie n’est pas franchement gigantesque, mais une compilation se justifie dans la mesure où l’album Mister Bad Guy était difficilement trouvable (désormais présent dans le coffret Freddie Mercury Solo) et qu’un certain nombre de prestations annexes, parues sur singles, ne figuraient pas sur les deux albums solos du chanteur.
De cette manière, on trouvera en ouverture l’excellente reprise des Platters, « the Great Pretender » où le chanteur laisse libre court à sa fibre de crooner, qui lui réussit plutôt bien. Parmi les singles, on notera aussi « Love Kills », tiré des sessions de l’album The Works de Queen (d’où une sonorité synthétique qui rappelle « Radio Ga Ga », par exemple) et qui servit d’illustration sonore à la version restaurée en 1984 du fameux film de Fritz Lang, Metropolis. Même si ça ne colle pas avec le film, le titre reste un sympathique moment de pop typé 80’s.
Ensuite, les morceaux « Time » et « In My Defence » sont tirés de la comédie musicale SF (ou opéra rock, je ne sais pas trop...) Time de Dave Clark, et se situent à mon avis parmi les meilleurs morceaux de la compilation : c’est emphatique, certes, avec des arrangements de piano et de guitare électrique montés en crescendo, mais placé sous la férule vocale de Freddie, le résultat est excellent.
Concernant les titres tirés de Mister Bad Guy, qui constituent une petite moitié du disque, le grand intérêt réside dans le fait qu’ils ont tous été remixés.on appréciera les dansants « Foolin’ Around », « Your Kind of Lover » avec son intro au piano mélancolique qui trompe l’auditeur sur l’orientation du titre, « Let’s Turn It On », aux riffs de guitare bienvenus, et « Living On My Own ». Seule petite déception de ce côté, la version de « Mr. Bad Guy », dont la dimension orchestrale a été minimisée au profit de l’impulsion rock.
Enfin, relatif à l’album Barcelona, on ne pourra apprécier que le morceau éponyme, qui clôt la compilation sur une note imposante. Le titre instrumental « Exercises in Free Love » est en fait une version préliminaire du duo avec Montserrat Caballé « Ensuenõ », où l’on peut entendre Freddie se livrer à un exercice de vocalises en voix de tête, « in free love ». Sympa mais pas ultime.
Ecouté dans son ensemble, le disque est franchement sympathique, largement supérieur serais-je tenté de dire à l’album Mister Bad Guy (dont il se rapproche fatalement point de vue contenu), et en ce sens mérite qu’on y prête une oreille en priorité.
On pourrait être tenté d’affirmer que l’intérêt de cette compilation est rendu caduc par l’édition depuis 2000 du coffret Freddie Mercury Solo, mais elle vaut pourtant pour son remixage de certains morceaux de Mister Bad Guy (qui en avaient besoin !), la présence du titre « Exercises in Free Love » et les versions originales de « Time » et « In My Defence », non présents sur ledit coffret. Après, tout n’est qu’affaire de choix ou de goût, mais au moins, elle permet d’effectuer une intéressante incursion dans l’univers musical, hors Queen, de l’ami Mercury.