Etant enfant,Brian May jouait de la guitare aussi souvent qu'il le pouvait, durant son temps libre, et se retrouvait souvent assis au milieu d'un cercle d'amis d'école admirateurs interprétant des chansons telles que: "Never Felt More Like Singing The Blues" de Guy Mitchell. Quelques autres guitaristes étaient à Hampton, et, ils se retrouvaient tous à l'heure des repas pour échanger des idées et jouer ensemble. Son collègue de classe, Dave Dilloway, voulait apprendre à jouer de la guitare et demanda à Brian de lui enseigner, ce que Brian accepta avec plaisir.
"Ces leçons avaient lieu au fond de notre classe d'allemand" se souvient Dave. "J'avais l'habitude de plier une feuille de papier dans ma main pour simuler un manche de guitare. Nul besoin de vous dire que Brian réussit son examen O-Level d'allemand, et moi pas!"
Brian trouva vite que sa guitare était indadaptée au style de musique qu'il écoutait et essayait d'apprendre. L'argent était une denrée rare à l'époque, et sa famille n'avait pas les moyens de lui offrir une Gibson ou une Stratocaster comme en avaient quelques-uns de ses amis ou bien encore la superbe Colorama que son ami John Garham possédait... Mais, il ne manquait pas de ressources, ni d'imagination, et, lui et son père trouvèrent La Solution! Ils allaient construire une guitare suivant les désirs de Brian!! Ayant joué sur toutes les guitares de ses amis, Brian avait une idée très précise de la guitare qu'il voulait et du son qu'il voulait lui voir produire. Une chambre de la maison familiale de Feltham fut réquisitionnée et transformée en atelier, et, en août 1963, le travail commença.
Le premier problème fut de trouver le bois pour le manche, ceci fut vite solutionné par un vieil ami de la famille qui voulait se débarrasser d'une ancienne et solide poutre de cheminée d'acajou, et Brian commença le dur travail de sculpter à la main cette poutre et de lui donner la forme désirée; le bois était vieux et parsemé de noeuds! Le corps fut sculpté dans une grosse pièce de chêne aussi dure que l'acier, c'était un morceau de bois de bonne taille, plus divers morceaux que son père et lui avaient réussi à dénicher. Arrivé à un stade avancé du travail, tout à coup, alors qu'il travaillait sur le corps, les ciseaux glissèrent emportant avec eux un fragment énorme, Brian se sentit si exaspéré qu'il jeta la pièce entière par la fenêtre et il recommença à nouveau. Les outils qu'ils utilisaient étaient également fait-maison, avec en complément des canifs et une meule. Lorsque le manche fut sculpté à la forme que Brian désirait, il fut fixé au corps, chevillé et vissé en place, une grosse baguette rigide tenant leu d'armature fut incorporée pour garder le manche droit.
Brian repéra alors dans la boîte à boutons de sa mère des boutons de perle anciens qu'il utilisa en guise de touchettes-marqueurs, mais, dut acheter des barrettes métalliques ne trouvant pas de matériau de substitution convenable, il utilisa une scie à métaux faite spécialement pour rétrécir celles-ci au petit calibre qu'il désirait. Une fois que le corps fut achevé, se posa alors le problème des micros et du bras vibrato, deux parties essentielles sur l'instrument. Brian se chargea des micros lui-même, tout comme il l'avait fait pour sa première guitare, avec du fil métallique et des aimants, mais le résultat étant très insuffisant, Brian dut se résoudre à acheter des micros Burns à 3 guinées chacun. Il les adapta en les remplissant de résine époxy pour les arrêter d'être microphoniques. Le bras vibrato fut réalisé à partir d'un morceau d'acier très tendre, courbé manuellement sur la lame d'un couteau à gaine, trempé, effilé, et la traction des cordes s'équilibra contre deux ressorts de soupapes de mobylette.
Avant qu'elle ne soit complétement et véritablement terminée, Brian manifesta le désir à son père d'emmener l'instrument en classe. Son voeu fut exaucé et ilput se rendre en classe avec elle le lendemain. Il se souvient qu'il était assez anxieux car elle ne paraissait pas aussi bien que les modèles du commerce. Mais, il était plus que décidé à terminer son travail, et, lorsqu'elle achevée, polie et vernie, elle avait grande allure professionnelle, et Brian avait bien raison d'être fier d'elle. Lorsqu'il la ramena en classe, ses amis furent très impressionnés, un d'eux lui proposa même d'échanger sa propre guitare, pourtant achetée en magasin, contre sa guitare. Brian refusa son offre, son instrument unique lui avait coûté 18 mois de dur labeur et 8 livres Sterling pour la fabriquer ( plus 9,9 livres sterling pour les pick-ups), il ne voulait l'échanger contre rien au monde! La guitare devint célèbre sous le nom de Red Special, ou moins respectueusement The Fireplace, et 15 ans plus tard le garde du corps de Brian, Tunbridge, l'appela tout simplement The Chap! Lorsque Brian commença à mettre à l'épreuve le jeu complexe nécessaire à sa guitare ' inhabituelle', il en attendait une certaine sonorité. Il essaya sans fin, des spectrums durs, doux, ronds, ovales, mais aucun ne rendait le son qu'il espérait. ALors, il essaya les pièces de monnaie. Après en avoir essayé beaucoup, il trouva que la meilleure était une pièce de 6 pences tout ce qu'il y d'ordinaire, elle était suffisamment petite pour la tenir aisément, et il pouvait l'utiliser de différentes manières. S'il en jouait droit contre les cordes il obtenait un son dur mais pur, s'il frappait les cordes avec le bord dentelé, il obtenait un son rauque et grinçant. Dès lors, Brian se concentra à améliorer sa technique pour jouer.