ALBUM DE LA SEMAINE - THE WORKS (1984)
Après le surprenantHot Space, Queen revient à ce qu’il sait faire de mieux, c’est-à-dire alterner les morceaux de pop étincelante et de hard rock accrocheur qui nettoie les cages à miel, tout en conservant quelques effets de synthés, mais sans ostentation, hérités de la période précédente et à mettre en rapport avec la new-wave alors triomphante.
Ainsi trouvera-t-on du bon hard rock avec des titres comme Tear It Up, qui pourrait ressembler, à certains égards, à une version alambiquée de We Will Rock You, ou bien Hammer To Fall, qui apparaîtra dans le film Highlander, avec sa rythmique pesante et ses puissants riffs. De la pop baroque et classieuse labellisée Queen, avec la ballade It’s a Hard Life ou bien l’excellent Keep Passing the Open Windows, qui apparaît un peu comme le joyau caché de l’album, associant la tendresse de la pop, son piano soyeux et un chant sensible, et la montée en puissance lyrique du rock, avec la merveilleuse guitare de Brian May, la batterie sèche de Taylor et le chant de Freddie qui s’adapte en conséquence (ce titre était d’ailleurs prévu pour le film «The Hotel New Hampshire »). Du rockabilly avec Man On the Prowl, où Freddie s’amuse, une fois de plus, à imiter avec délice Elvis Presley.
On notera encore le rock expérimental de Machines, sans doute le titre le plus faible de l’album, que l’on pourra mettre en connexion avec Radio Ga Ga pour sa rythmique synthétique assez similaire. Radio Ga Ga constitue quant à lui le hit que l’on attendait de la part de Roger Taylor, pop-rock entraînante, qui épingle la vanité des médias et de la radio en particulier (qui a dit que c’était prophétique ?).
L’autre titre à succès de l’album est I Want To Break Free, accrocheur avec ses effets de synthés (bien que dépourvu de l’intro au clavier que l’on peut entendre sur le live à Wembley et sur le Greatest Hits 2). Et enfin la complainte acoustique Is This the World We Created ? vient clore cet agréable mais trop court album, par un moment de grande émotion, désespéré et magnifique.
Il n’y a rien à redire sur la prestation des musiciens, qui assurent chacun dans leur domaine : Freddie sait se faire rugissant ou délicat quant il le faut, Brian May continue de nous servir de bien belles parties de guitares, ouvragées avec la précision du maître joaillier, tandis que la section rythmique du couple Deacon/Taylor édifie une assise simple mais stable sur laquelle viennent s’ébattre les mélodies.
The Works constitue donc un album fort sympathique, riche et varié, et qui n’accuse pas trop de défauts. Pour ma part, je l’apprécie mais le trouve peut-être un peu court (37 minutes), un ou deux titres accrocheurs en plus n’auraient pas été superflus. Cependant le groupe n’a pas à rougir de cet opus et commence à remonter la pente glissante sur laquelle il avait glissé en ce début des années 80. Du bon travail, donc.