Quand il a repris le célébrissime "Bohemian Rhapsody" en 2009 pour l'émission "American Idol", Adam Lambert était loin d'imaginer qu'un jour il allait faire mieux que rendre hommage à ses idoles de Queen: chanter avec eux.
Et pourtant, après ses débuts dans ce célèbre concours de chant américain, il a pris l'habitude de rejoindre sur scène les légendes britanniques du rock - dépourvues de chanteur depuis la mort de Freddie Mercury en 1991.
Samedi soir, à Central Park à New York, ils seront la tête d'affiche du festival Global Citizen, un événement visant à soutenir la lutte contre la pauvreté dans le monde.
"Je veux donner aux gens un sentiment de confiance, de fierté et de puissance, pour qu'ils sentent qu'ils n'ont pas à accepter le malheur et qu'ils ont le droit de demander plus pour eux-mêmes", a-t-il expliqué à l'AFP dans les loges qu'il partage avec le guitariste Brian May et le batteur Roger Taylor, 142 ans à eux deux.
"Je pense que beaucoup de morceaux se résument à ça: ils permettent aux gens de se sentir plus forts et plus fiers", ajoute le chanteur californien de 37 ans.
Alors qu'il vient de sortir un nouvel EP (un court disque), Adam Lambert explique que travailler avec Queen lui a permis de "s'étendre" et de se faire connaitre de deux générations différentes: celle qui regarde "American Idol" et celle qui a grandi avec Queen dans les années 1970-1980.
"J'ai évidemment un respect incroyable pour Freddie Mercury mais ce n'est pas possible de le remplacer", explique celui dont le nom est ajouté à celui de Queen sur les affiches de promotion des concerts.
"J'ai choisi de ne pas l'imiter, ça serait un manque de respect à sa mémoire, au groupe et aux fans", détaille-t-il.
"Il était au-dessus de tout visuellement et acoustiquement", explique ce chanteur de glam-pop, également connu pour son extravagance.
Global Citizen, qui coïncide chaque année avec la tenue de l'Assemblée générale des Nations unies, distribue gratuitement des billets à ceux qui promettent de se mobiliser contre la pauvreté.
La performance de Queen se tiendra plus de 30 ans après leur show mythique lors du concert caritatif Live Aid à Londres en 1985, une des plus célèbres de l'histoire de la musique.
Adam Lambert reconnait être "bien plus intéressé par la politique maintenant".
"J'espère que plein d'autres gens sont comme moi, parce que, selon moi, on est dans une période très sombre de la politique américaine", développe-t-il, expliquant espérer que la "négativité" ambiante poussera les Américains à se rendre aux urnes en 2020, alors que le républicain Donald Trump briguera un second mandat.
S'il n'a pas voulu apporter son soutien à un candidat en particulier, ce défenseur des droits de la communauté LGTBQ, ouvertement homosexuel, explique: "Ceux d'entre nous qui représentent des groupes identitaires, je pense qu'il est très important que nous soutenions ça en joignant le geste à la parole".
Dans l'industrie de la musique, il explique "avoir travaillé avec plein de gens formidables qui n'étaient pas nécessairement homophobes mais qui considéraient (son orientation sexuelle) sous le prisme du business", se demandant si c'était quelque chose de "vendable"
L'identité de genre n'est plus considérée comme un "barrage", se réjouit ce chanteur dont le bleu profond des yeux tranche avec l'eleyeliner noir qui les entoure, même si "dans toute une partie de ce pays, et dans d'autres pays du monde, la droite a le vent en poupe", regrette-t-il, pointant du doigt "une contradiction".
Sa personnalité et ses convictions se ressentent dans les six morceaux de son nouveau disque, dont les accents rock et funk laissent traduire l'influence d'artistes comme Prince.
Pour produire ce disque "je me suis dis +je vais faire exactement ce que je veux+", explique-t-il dans un éclat de rire.
"Et évidemment ma porte est grande ouverte, et tout le monde est invité à ma soirée. Mais c'est ma soirée", prévient-il.